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[LTG] Norah Jones retaille le bleu velours dans sa nuit ancienne

Norah Jones retaille le bleu velours dans sa nuit ancienne

La chanteuse est de retour avec «Day Breaks», album qui la voit renouer avec les atours du jazz. Le conte de fées de ses débuts peut-il se répéter?

Norah Jones fait partie du très petit cercle des artistes pop à avoir fait l’unanimité au XXIe siècle autour d’un album. Du vieux fan de jazz qui ne savait plus quoi écouter dans son bain au jeune gandin qui voulait tremper un orteil dans les mixtures bleutées, son Come Away With Me de 2002 mettait tout le monde d’accord. Précédant les succès d’Amy Winehouse et d’Adele, ce disque – de diamant, avec quelque 26 millions d’exemplaires vendus – sauvait au passage un label Blue Note qui avait perdu de son lustre historique. D’un coup de baguette, la fée Clochette, fille illégitime de Ravi Shankar, s’était hissée au sommet.

Près de 15 ans plus tard, alors que sort Day Breaks, son 6e album studio, Norah Jones a démontré qu’elle n’était pas la chanteuse d’un seul succès. Elle a signé d’innombrables collaborations avec des artistes qui rêvaient de voir le nom du prodige figurer sur leurs productions. Même le cinéaste Wong Kar-wai craquait pour elle, l’enrôlant comme comédienne dans son film de 2007, My Blueberry Nights. Bonnie Raitt, Jerry Lee Lewis, Willie Nelson, Herbie Hancock, Wyclef Jean, Keith Richards et encore Charles Lloyd cette année ont dialogué avec celle qui transformait en or tout ce qu’elle touchait de sa voix de cristal.

Un passé entre folk et pop

Ses propres projets ont aussi navigué dans des directions très différentes, d’enregistrements plutôt folk avec The Little Willies à ses tentatives de se poser sur le terrain sans équivoque de la pop – les albums The Fall (2009) et Little Broken Hearts (2012) réalisé dans les parages du producteur Danger Mouse.

Son Day Breaks est annoncé par sa maison de disques comme un retour aux sources. L’accent est mis sur sa coloration très jazz – le géant du saxophone Wayne Shorter, l’organiste Lonnie Smith et le batteur Brian Blade font partie de la fine fleur des musiciens de l’équipe. Si la sobriété instrumentale de cet enregistrement permet, en effet, la comparaison avec ses premiers pas, il ne faut poutant pas oublier que Come Away With Me n’avait rien d’un album de jazz sans partage, mais empruntait aussi beaucoup à l’univers de la country, musique qui fait partie depuis toujours du vocabulaire de celle qui, dès 2003, participait à un projet autour du répertoire de Dolly Parton.

Mais le monde a toujours voulu voir, dans son parcours, un de ces miracles qui ne se produisent presque plus dans le jazz. Plus de quatre ans après son dernier album, Norah Jones cherche donc à se mettre en conformité avec son passé et avec les attentes que son nom n’a jamais cessé de susciter. Que Wayne Shorter lui-même se penche sur le berceau de ce nouveau départ indique bien la volonté, cette fois, de tailler le satin bleu au cœur de l’étoffe. Et pas pour qu’on lui taille un costard… (TDG)


source: http://www.tdg.ch/culture/musique/norah-jones-retaille-bleu-velours-nuit-ancienne/story/23446950