Skip to main content
Topic: [QOBUZ] (Read 3141 times) previous topic - next topic

[QOBUZ]

Un article sur le site Qobuz:  http://www.qobuz.com/info/MAGAZINE-ACTUALITES/PORTRAITS/3-raisons-d-aimer-Norah-Jones89695

3 raisons d'aimer... Norah Jones :

1 ● Elle est devenue une légende de la musique, comme son père.
On connaît l'histoire de Geetali Norah Jones-Shankar, abandonnée par le sitariste indien Ravi Shankar à l'âge de 9 ans. Et élevée à Grapevine (Texas), dans une banlieue de Dallas. "Toute mon enfance, j'ai affûté ma voix dans les chorales des églises et joué du piano. Je disposais de la collection de disques soul et jazz de ma mère ; ma grand-mère, elle, m'a initiée à la country." À 20 ans, Norah, qui a déjà composé une centaine de chansons, s'installe à New York, écume les pianos-bars de Greenwich Village, un jour artiste, l'autre serveuse. Son nom circule. "Je l'ai convoquée dans mon bureau", se souvient Bruce Lundvall, patron du label Blue Note, qui lui proposera un contrat. Norah, timide et nerveuse avec ses lunettes d'étudiante, lui fait écouter son adaptation d'un vieux standard de jazz, Spring Can Really Hang You Up the Most. "Appelez votre avocat, je vous engage !" lui lance Lundvall, qui, à l'époque, ne connaît pas son lien avec Ravi Shankar. Et ne sait pas qu'elle totalise plus de mille heures d'étude de piano classique. À peine sur les ondes, le premier titre de Norah Jones, Come Away With Me, devient un tube planétaire. L'album suivant s'écoule à 20 millions d'exemplaires. Elle a seulement 23 ans. Effrayée par ce succès soudain, la jeune chanteuse demande à Blue Note de bloquer les ventes ! "J'avais peur de perdre mon âme, de m'oublier. Je suis allée retrouver mon père en Inde [elle avait renoué avec lui cinq ans plus tôt], et il m'a persuadée de continuer ce métier..."

2 ● Elle s'est métamorphosée en une beauté punk.
"Les puristes ne m'ont jamais aimée : on me reproche de ne pas sonner assez jazz, pas assez country... Moi, je considère qu'il n'est pas sain pour un artiste de rester enfermé dans une petite boîte." Sur la pochette de son nouvel album, Little Broken Hearts, Norah a la beauté et l'allure d'une chanteuse punk. L'image est inspirée de l'affiche d'un film de Russ Meyer, Mudhoney, qui tapissait le mur du home studio de Brian Burton, alias Danger Mouse, le compositeur avec qui elle a écrit ses morceaux. Au fil du disque, la "voix de velours" sort les griffes... Armée d'une douceur troublante, elle chante des ballades aux textes corrosifs qui racontent la rupture, la trahison, l'amertume et la vengeance. Comme Miriam, où son falsetto angélique lance un "I'm gonna smile when I take your life" ("Je sourirai quand je t'aurai ôté la vie")... Ou Happy Pills ("pilules du bonheur"), cet hymne sarcastique sur la désintoxication amoureuse. La jeune femme de la chanson demande à son ex de la laisser respirer et de partir... "Les paroles de ce CD sont autobiographiques, souffle-t-elle. Elles décrivent les phases d'une rupture. Mais il ne s'agit que de chansons... D'une sorte de catharsis. C'est mon droit de rêver d'anéantir ma rivale en amour... Ce n'est qu'une pulsion imaginaire ! Je ne suis pas une tueuse en série et je n'exhorte personne à passer à l'acte !" Elle ajoute dans un rire : "J'ai tourné une page. Aujourd'hui, je vis une histoire avec quelqu'un d'autre. Les disques de rupture, c'est fini."

3 ● Les plus grands se la disputent.
En dix ans de carrière, Norah Jones a multiplié les collaborations, parfois plus aventureuses que ses albums solo. Comme ces extraordinaires duos chantés l'un avec Ray Charles sur l'ultime album du père de la soul, The Genious Loves Company (2004). L'autre avec Bob Dylan : après s'être produit plusieurs fois sur scène à son côté, le songwriter l'a en effet invitée sur son dernier CD, The Lost Notebooks of Hank Williams. "Je ne remercierai jamais assez Dylan pour avoir autant enrichi le folk et la country et permis aux pionniers de ces genres musicaux de ne pas mourir..." Toujours discrète, Norah Jones  ne parle pas d'emblée de l'amitié qui la lie aussi à Tom Waits : "Tom est mon idole absolue. Il a été pompier, pizzaiolo, alcoolique, et sa musique (folk, blues, jazz) est hyperréaliste et cinétique." Après la sortie de son premier disque, Tom Waits lui a envoyé la chanson The Long Way Home avec ce mot : "Elle est pour toi. Chante-la." Enfin, en se réconciliant avec son père, Norah a découvert Anoushka Shankar, sa sœur cadette, chanteuse et sitariste. Toutes deux ont enregistré ensemble la chanson Easy, en 2007. "Notre rencontre a été bouleversante : nous nous ressemblons comme deux gouttes d'eau, mais la culture d'Anoushka est totalement indienne, et la mienne, américaine. Nous sommes tellement proches que nous avons voulu nous faire tatouer le même lotus sur le bas du dos. Il symbolise nos retrouvailles." Lorsqu'on lui demande si elle continuera d'arpenter les scènes à 92 ans comme Ravi Shankar, Norah répond : "Certainement, c'est dans mes gènes. Mais serai-je aussi belle que lui ? J'en doute", conclut Mrs Jones. Avant de se réfugier dans le mystère d'un sourire silencieux.