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[LA CROIX] Norah Jones, l’enchanteresse

Norah Jones
, l’enchanteresse

La chanteuse américaine au timbre voilé et subtil revient en France présenter un album abouti, et donner quelques concerts.

Il y a quelque chose d’hypnotique dans le chant de ­Norah Jones. Dès ses débuts, en 2002, avec Come away with me, qu’elle qualifia alors de « petit disque mélancolique », elle s’est imposée comme une enchanteresse du jazz vocal.

Son père, le joueur de sitar Ravi Shankar, décédé en 2012, disait, à propos de Don’t know why, son premier tube, « sa chanson se glisse dans vos oreilles et ne vous quitte plus ». Son timbre voilé et subtil, son style intimiste donnent à chacun de ses auditeurs l’impression, qu’assise à proximité, elle s’adresse à lui seul.


Aujourd’hui, à 37 ans, avec à son actif cinq disques vendus à plus de 40 millions d’exemplaires, un film de Wong Kar-wai (My Blueberry Nights), et deux enfants nés en 2014 et juillet 2016, Norah Jones, venue à Paris présenter en concert privé son sixième album Day Breaks, montre qu’elle a mûri sans perdre son grain de voix cuivré, ni la sûreté de son goût musical.

Un album éclectique

Au piano et au chant, qu’elle opte pour une ballade, comme Tragedy, ou une chanson au swing enlevé et à la gaîté ironique, It’s a wonderful time for love, l’artiste démultiplie les styles, du jazz au folk, du blues à la pop et jusqu’aux influences country.

Se risquant même à une chanson politique, Flipside, « inspirée par tout ce qui s’est passé dans le monde et aux États-Unis au cours des deux dernières années ». L’auteur-compositeur-interprète, a tiré de « cette période totalement folle » un groove plus musclé qu’à l’accoutumée. « Hard times/Fine lines/Moments pass by and I cry/Rewind/Step behind/It’s hard to find the flipside (Des temps difficiles/De belles paroles/Les heures passent et je pleure/Rembobinez/Reculez/C’est dur de voir le revers de la médaille) », lance-t-elle.

Dans la tradition des plus grands

Norah Jones, qui a eu le privilège de chanter en duo Here we go again avec Ray Charles en 2004, et I shall be released avec Bob Dylan en 2005, ainsi que de faire une prestation remarquée lors d’un concert d’hommage à l’un des Beatles, George ­Harrison, en 2014, aime se situer dans la tradition des plus grands et s’entourer de musiciens de légende.

Pour ce disque, l’immense saxophoniste Wayne Shorter, 83 ans, l’a rejointe afin d’enregistrer une nouvelle version de la belle chanson d’Horace ­Silver, Peace. Dans ce morceau, l’un des plus grands succès de Norah Jones depuis ses débuts, son vibrato résonne de façon languide, entre berceuse et prière. Et c’est dans l’apaisement que la jeune mère termine cet album abouti, avec une reprise juste fredonnée de Fleurette africaine de Duke Ellington.

Nathalie Lacube

Day Breaks, un CD Blue Note, 17,99 €. En concert, le 11 novembre à Lyon, le 12 à Lille, les 15 et 21 à Paris, et le 16 novembre à Bordeaux.

source: http://www.la-croix.com/Culture/Musique/Norah-Jones-lenchanteresse-2016-10-08-1200794810